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Bouclier Spatial - système NMD - US

Bye bye, BMDE

20.9.2009 - Dedefensa.org

L’article du Wall Street Journal, ce 17 septembre 2009, annonçant l’abandon du système BMDE par l’administration Obama semble effectivement signaler une décision officielle sur la fin de ce programme, avec ses bases en Tchéquie et en Pologne. L’article précise qu'une déclaration de l’administration Obama est prévue pour ce jour, et est considéré comme une quasi-confirmation de l'annonce de la décision.

Au reste, il y a d’ores et déjà eu des réactions officielles. Le secrétaire général de l’OTAN Rasmussen a accueilli “avec satisfaction” la nouvelle, qualifiée de «positive step [which] would improve the involvement of all NATO nations». Le désarroi est grand en Tchéquie (surtout) et en Pologne. Les Tchèques parlent d’un “changement profond” dans les relations stratégiques avec les USA, à la suite de cette décision. Bel exemple d'unanimité contradictoire et antagoniste de type otanien, entre Rasmussen et les Tchéco-Polonais, qui marque combien cette affaire du BMDE était chargée d'arrières-pensées, de non-dits extrêmement ressassés et autres gâteries du genre.

Côté russe, on imagine que la satisfaction est grande, et l’on ne se trompe pas. L’une des premières réactions officielles a été celle de Konstantin Kossatchev, président de la Commission des affaires internationales de la Douma. Il y a beaucoup de dialectique russe dans ses déclarations, mais il y a surtout la mesure de l’importance de la nouvelle pour les relations entre les USA et la Russie. Selon Novosti, du 17 septembre 2009:

«La décision de Washington de ne pas déployer de radar de l'ABM en République tchèque témoigne de l'attitude sérieuse de l'administration américaine envers le dialogue stratégique avec Moscou, estime le président de la commission des Affaires internationales de la Douma Konstantin Kossatchev.

»Il s'agit d'une décision depuis longtemps attendue, a-t-il affirmé lors d'un entretien avec des journalistes. “Nous n'avons jamais douté de la justesse de la position russe. La décision américaine a résulté d'une part d'une évaluation plus objective de la situation en Iran et d'autre part d'une attitude plus sérieuse envers le dialogue stratégique entre la Russie et les Etats-Unis, qui constitue un facteur primordial de stabilité dans le monde”, a précisé le parlementaire.

»“Certes, il serait prématuré de parler de la fin des divergences. Ce n'est pas encore l'harmonie ni l'entente, mais c'est sûrement une ébauche de dialogue et le désir de Washington d'attacher aux arguments de Moscou la même valeur qu'à ses propres considérations de sécurité nationale”, a souligné M.Kossatchev.»

La décision de l’administration Obama est présentée essentiellement, voire exclusivement selon des considérations techniques, selon l’idée que l’évaluation révisée des capacités iraniennes montre que l’Iran n’est pas capable avant longtemps de menacer les capitales européennes et autres lieux d’importance. Vu le sérieux avec lequel l’évaluation précédente était faite (Iran capable de toucher toutes ces belles capitales), la révision n’a pas été difficile. Dit brièvement: en quatre ans, les travaux des Iraniens dans le domaine des missiles les a donc fait reculer d’une capacité de missiles à longue portée imminente à une capacité improbable, sinon dérisoire, sinon inexistante. Autant pour les capacités de prévisions occidentales, à moins que les Iraniens aient l'originalité d'avancer à reculons en matière de technologie militaire.

Une tâche difficile attend l’administration Obama dans la région de l’Europe de l’Est, qui se jugeait stratégiquement protégée par le BMDE contre la Russie (alors que le BMDE était destiné à contrer les missiles désormais fantômes de l’Iran). Le Wall Street Journal présente l’affaire, dont certains jugent qu’elle intervient pour, notamment, obtenir l’appui de Moscou face à l’Iran dans la prochaine rencontre du 1er octobre, entre les pays conernés, pour d’éventuelles nouvelles sanctions:

«The decision to shelve the defense system is all but certain to raise alarms in Eastern Europe, where officials have expressed concerns that the White House's effort to “reset” relations with Moscow would come at the expense of U.S. allies in the former Soviet bloc. “The Poles are nervous,” said a senior U.S. military official.

»Earlier, a Polish official said his government wouldn't “speculate” on administration decisions regarding missile defense, but said “we expect the U.S. will abide by its commitments” to cooperate with Poland militarily in areas beyond the missile-defense program.

»Last week, Russian Foreign Minister Sergei Lavrov said he expected the Obama administration to drop the missile-defense plans. He said that Moscow wouldn't view the move as a concession but rather a reversal of a mistaken Bush-era policy.

»Still, the decision is likely to be seen in Russia as a victory for the Kremlin. Russian President Dmitry Medvedev will meet with Mr. Obama at next week's meetings of the U.N. General Assembly and Group of 20 industrialized and developing nations.

»Although a center-right government in Prague supported the Bush missile-defense plan when it was first proposed, the Czech Republic is now run by a caretaker government. A Czech official said his government was concerned an announcement by the White House on the missile-defense program could influence upcoming elections and has urged a delay. But the Obama administration has decided to keep to its original timetable.

»European analysts said the administration would be forced to work hard to convince both sides the decision wasn't made to curry favor with Moscow and, instead, relied only on the program's technical merits and analysis of Iran's missile capabilities. “There are two audiences: the Russians and the various European countries,” said Sarah Mendelson, a Russia expert at the Center for Strategic and International Studies. “The task is: How do they cut through the conspiracy theories in Moscow?”»

Pas de surprise, mais quel bouleversement…

On sait que la nouvelle s’était fortement précisée ces derniers temps, jusqu’à ce qu’on puisse quasiment la considérer comme acquise. Effectivement, quand les marchands de missiles du complexe militaro-industriel se mettent à rechercher d’autres modèles pour de nouvelles bases remplaçant celles qu’on abandonnerait, c’est que la chose est sérieuse. Donc, pas de surprise.

Mais on ne peut s’en tenir à ce “pas de surprise”, parce qu’il est un peu court. Il y a un pas de géant entre l’annonce, même assurée, d’une décision de cette importance, et la prise de décision officielle. La première tend à fermer une époque, la seconde officialise cette fermeture et en ouvre une nouvelle. Il y a désormais toutes les réactions, les déclarations, les révisions de politique considérées mais non activées, qui vont commencer à produire leurs effets et influencer d’autres domaines importants. La décision de l’administration Obama ouvre donc une nouvelle époque dans la situation de la sécurité européenne, avec désormais un rôle important reconnu à la Russie comme un élément stabilisateur de cette sécurité. En effet, le paradoxe de cette affaire BMDE montée de toutes pièces pour contrecarrer la Russie a été de faire réaliser l’importance de la Russie dans la sécurité européenne; s’il fallait ça à ces esprits courts pour le réaliser, le temps ne fut pas tout à fait perdu.

Un autre aspect du paradoxe de ce bouleversement stratégique qui commence aujourd’hui est bien, en effet, qu’il repose sur une situation qui fut créée de toutes pièces, une sorte d’artefact de la situation stratégique en Europe puisque c’est ainsi qu’on en vint à ce projet d’installation d’anti-missiles destinés aux Iraniens et postés exactement pour intervenir contre la Russie. Cette création de la bureaucratie du Pentagone et du complexe militaro-industriel, sous l’inspiration éclairée de la paire Bush-Cheney, fit aussitôt entrevoir la possibilité d’une très grave crise stratégique et de sécurité en Europe, une sorte de crise qu’on aurait pu nommer “Euromissiles-II”, en référence à la première du même nom (la “crise des euromissiles” de 1977-1987, jusqu’au traité FNI de décembre 1987). Par conséquent, à quelque chose malheur est bon quand le malheur est suivi d’une résolution qui, par le choc psychologique ainsi créé, peut entraîner des prolongements intéressants. Nous n’y serions peut-être pas venus s’il n’y avait pas eu ce choc d’aujourd’hui, suivant le montage pathologiquement idéologique et minutieusement commercial des cinq dernières années.

Il ne fait aucun doute que la décision de l’administration Obama ouvre évidemment le champ à une exploration d’une organisation nouvelle de la sécurité européenne, où les Russes vont jouer un rôle de premier plan, notamment avec la proposition Medvedev sur une “nouvelle architecture européenne”; où, peut-être, qui sait, les Européens eux-mêmes, de l’Ouest notamment, pourraient trouver le goût d’y jouer leur rôle puisqu’il s’agit de leur continent, eux qui n’ont pratiquement pas bronché à propos du BMDE depuis cinq ans que le projet est lancé.

Il s’agit donc de la première décision importante de l’administration Obama, et certes une décision qui va dans le sens du démantèlement de la politique de GW Bush. C’est un point intéressant, sans pourtant qu’on puisse aller plus loin pour l’instant. Tout dépendra de la façon dont sera présentée cette décision, de la façon dont elle sera exploitée et suivie par les USA, de la façon dont elle interférera dans les ralations USA-Europe, et dans quel sens, etc. Pour l’instant, nous voici aux aguets sur un nouveau front, peut-être le premier sérieux, des changements nécessaires pour tenter de sortir de l’ère de “la politique de l’idéologie et de l’instinct”.

Dedefensa,org


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