Il reste de moins en moins de temps avant l'expiration du Traité sur la réduction des armements stratégiques offensifs START-1 signé en 1991 par l'URSS et les Etats-Unis : les quinze années depuis son entrée en vigueur arriveront à leur terme le 5 décembre 2009. Dans ce contexte, le problème de la diminution des arsenaux nucléaires et du contrôle de ce processus se trouve de plus en plus porté au premier plan, car l'accord sur les potentiels stratégiques offensifs PSO, signé en 2002 et courant jusqu'en 2012, ne prévoit pas de processus irréversible de réduction et n'instaure pas de mécanisme permanent de vérifications mutuelles.

Ce traité, signé en 1991 et entré en vigueur à la fin de 1994, prévoit la limitation des potentiels stratégiques offensifs des deux parties à hauteur de 1.600 vecteurs et 6.000 munitions pour ces derniers. Le Traité START-2, signé après le START-1, qui interdisait notamment l'utilisation de vecteurs ayant des ogives à têtes multiples à guidage individuel, n'est jamais entré en vigueur. En 2004, la Russie est sortie officiellement du START-2, en réponse à la sortie en 2002 des Etats-Unis du Traité ABM de 1972.

L'accord sur les PSO de 2002 - le dernier signé, pour l'heure, sur le désarmement nucléaire - limite le nombre des munitions à un éventail de 1.700 à 2.200 pour chacune des deux parties. Le nombre des vecteurs et la limitation des munitions par vecteur ne sont pas précisés, chacune des parties demeurant libre de déterminer la composition et la structure de ses forces nucléaires. Le Traité n'instaure pas de mécanisme de contrôle. Les deux parties ne sont limitées que par une référence au Traité START restant en vigueur, et par la convocation deux fois par an d'une commission chargée de l'application de l'accord.

Toutefois, comme nous l'avons dit précédemment, le Traité START cessera de fonctionner en 2009, après quoi les règles de contrôle et de vérifications de l'application des engagements qu'il instaurait deviendront caduques. L'accord sur les PSO ne fixe aucune limitation concernant les munitions et les vecteurs retirés du service : ils peuvent être stockés librement dans des entrepôts et remis en service rapidement si nécessaire.

Cette approche du problème ne convient guère à la Russie : sa situation économique ne lui permet pas d'assurer un développement rapide de son potentiel nucléaire stratégique, car elle doit remplacer dans la prochaine décennie près de 300 missiles déployés au sol et près d'une centaine basés en mer. Si bien que la conclusion d'un nouveau traité global de limitation des armements stratégiques offensifs, instaurant non seulement des limitations quantitatives, mais aussi un mécanisme de contrôle de leur exécution, est pour elle une mesure indispensable.

L'absence d'un tel accord, combinée au déploiement d'un système ABM américain, pourrait saper la parité stratégique existant encore entre la Russie et les Etats-Unis. Dans le contexte d'une supériorité importante de l'adversaire potentiel en ce qui concerne le nombre des munitions, le danger d'une première frappe désarmante s'accroît nettement, le nombre de vecteurs conservés ne garantissant nullement, dans ce cas de figure, que le système ABM puisse être percé et que des dommages inacceptables pour l'agresseur puissent lui être infligés.

Par conséquent, dans l'idéal, le nouveau traité devrait non seulement prévoir la limitation des armements stratégiques offensifs, mais aussi réguler les relations entre les parties en ce qui concerne le problème de l'ABM. L'administration sortante de la Maison Blanche n'a pas fait preuve du désir de parvenir à un accord sur ces problèmes. Il est toutefois possible que la relève de la garde s'accompagne de modifications de la politique, qui permettraient à la Russie et aux Etats-Unis de préserver la parité et de poursuivre la politique de réduction progressive du niveau de la menace nucléaire engagée dans les années 80.

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