Svět bez válek a násilí

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Le coup d’envoi de la paix ?

20.9.2008 - by Vartan Oskanian

Erevan – La récente invitation lancée par le président arménien Serge Sarkissian au président turc Abdullah Gül à venir à Erevan assister ensemble à un match de foot est historique. Étant donné les relations longtemps tendues entre les deux pays, cette visite sortirait de l’ordinaire à n’importe quel moment. Mais aujourd’hui, un mois seulement après l’effrayante confrontation entre la Russie et la Géorgie, elle offre peut-être un réel espoir de soulagement des tensions dans la région si instable du Caucase.

Certes, des problèmes aussi anciens qu’ardus divisent l’Arménie et la Turquie. Le moment est pourtant venu pour ces deux pays de mettre le passé de côté et de s’occuper de leurs préoccupations de sécurité communes. Dans le nouveau contexte créé par la guerre en Géorgie, il n’échappe à personne que la Turquie doit de toute urgence jouer le rôle de pont entre les nations du Caucase.

Cette attente est une conséquence inévitable de l’histoire et de la géographie de la Turquie. Symboliquement située entre modernité et tradition, laïcité et islam, démocratie et tyrannie, la Turquie est aussi physiquement un pont entre l’orient et l’occident. Pour les peuples du Caucase, la Turquie montre la voie vers l’Europe. Elle est membre de l’Otan et borde les trois républiques du Caucase entretenant un programme de partenariat individuel avec l’Otan. Elle aspire à devenir membre de l’Union européenne, et apporterait l’UE jusqu’à nos trois frontières, car nous aussi, nous aspirons à devenir membre un jour.

La Turquie n’a d’ailleurs jamais manqué une occasion de jouer le rôle de courtier régional. Elle a proposé la Coopération économique de la mer Noire immédiatement après l’effondrement de l’Union soviétique. Cette année, alors que la tentative dirigée par les Américains de parvenir à un accord de paix au Proche-orient commençait à faiblir, la Turquie a endossé le rôle de médiateur à la fois dans le cadre du conflit israélo-palestinien et entre la Syrie et Israël. Aujourd’hui, juste après la crise entre la Russie et la Géorgie, les dirigeants turcs se sont de nouveau portés volontaires pour endosser un rôle de meneur dans le Caucase.

Le monde doit ardemment espérer que la proposition turque de Plateforme de coopération pour la stabilité dans le Caucase est plus sérieuse et soutenue que les précédentes tentatives du même ordre. Mais si elle veut réussir, la Turquie doit se montrer ferme et faire promettre à tous les acteurs de la région de ne pas avoir recours à la force pour résoudre leurs différends. Si cette promesse est adoptée et respectée, les conflits dans la région seront considérés dans un contexte totalement différent, plus tolérant, ce qui marquera une percée historique sur le chemin de la paix.

Pourquoi d’ailleurs ne pas pousser l’idée d’un tel pacte un peu plus loin ? Dans cette région, nous pouvons, et je pense que nous devrions, appeler de nos vœux un Caucase non-aligné, libéré des blocs sécuritaires et des alliances contradictoires. Après tout, les alliances et les garanties pour la sécurité ne font rien d’autre que créer des lignes de démarcation, avec leur cortège de problèmes de sécurité.

Nos pays et nos peuples ont, au cours de l’histoire, vécu sous un parapluie commun pendant une période bien plus longue que celle qui nous a divisés. Aujourd’hui, nous partageons une vision commune de l’intégration européenne, et c’est dans ce contexte plus large que nos conflits devraient être résolus. Les visites du président français Nicolas Sarkozy et de la chancelière allemande Angela Merkel en Géorgie et en Russie ont montré qu’il n’existait pas de substitut à l’Europe en ce qui concerne le Caucase. Seule l’Europe peut jouer le rôle de courtier honnête dans l’ambiance de suspicion et d’intolérance qui règne dans la région.

Rien ne sera possible sans la volonté de nous diriger vers une région de paix et de coopération. Le Caucase est un espace trop petit pour des frontières fermées et des conflits explosifs. Bien que certaines de ces tensions ne semblent que purement bilatérales, le conflit entre la Géorgie et la Russie montre que la mondialisation ne permet plus ce genre de configuration, encore moins dans cette région aux si nombreuses interconnexions.

En fait, une paix réelle dans le Caucase demande deux transformations stratégiques. L’une d’entre elles est un enseignement de l’histoire : ici, les intérêts stratégiques de la Russie ne peuvent être ignorés. Passer outre ce fait mènerait au chaos régional. L’autre leçon est que la Turquie et l’Arménie ne peuvent s’opposer éternellement. Nos relations doivent se normaliser pour que le Caucase s’unifie et devienne une région fonctionnelle.

Ironie du sort, à la fois la Russie et les États-Unis reconnaissent que c’est dans leur intérêt. Les Russes considèrent que des relations normales entre la Turquie et l’Arménie contribuent à minimiser le rôle stratégique de la Géorgie dans la région. Pour les États-Unis, s’ouvrir à la Turquie permet de diminuer la dépendance réelle et imaginaire de l’Arménie par rapport à la Russie.

Au-delà de l’impact émotionnel de la visite du président Gül à Erevan, une réelle amélioration des relations turco-arméniennes demande d’ouvrir les frontières fermées des deux pays – qui sont les dernières en Europe. Ou bien nous pourrions commencer par rendre opérationnels les liens ferroviaires entre les deux pays. Si cela n’advient pas au cours des prochaines semaines et des prochains mois, alors la Turquie aura montré que tout cela n’était que de l’esbroufe.

La visite du président Gül marque réellement un grand tournant – soit un échec à écrire l’histoire, soit le début d’une nouvelle ère.

Source :
http://www.project-syndicate.org/commentary/oskanian1/French

ararat


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